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Marrant le marais !...
Ce jeudi 20 octobre nous partons à la découverte du Marais d'Orx. C'est un extraordinaire espace de marais, chargé d'histoire, aux confins des communes de Labenne, Orx, St Martin de Seignanx.
A travers l'histoire, les premières mentions remontent au XIIIème siècle pendant lequel le Roi Duc Edouard d'Angleterre concède l'exploitation d'un moulin sur "notre étang d'Orx près de Labenne"
Il figure sur la carte de Cassini (XVIIIéme siècle).
Sa formation pourrait être la conjugaison de trois phénomènes géologique et géographiques: une très ancienne ride de l'écorce terrestre, les vestiges d'un des lits de l'Adour, et une lagune née de la formation de la barrière de dunes.
Ce marais couvre une superficie de 774 Ha en forme de croissant de 1,5 km de large sur 3,5 km de long. De quoi se dégourdir les jambes !
Nous sommes accueillis au départ de la rando au Pavillon Béziers (nom qui n'a rien à voir avec la ville languedocienne, mais qui est celui d'un des principaux propriétaires et acteurs de l'assèchement du marais sous Napoléon III).
Ce bâtiment restauré et surélevé abrite le hall d'accueil et une exposition décrivant le paysage. Bien sûr nous n'avons pas résisté au plaisir de faire la photo de Francis sous les traits de Napoléon Ier.
Car c'est Napoléon Ier qui ordonna le premier décret d'assèchement du marais.
Jusque là toute une population vivait de la chasse, de la pèche, de vaine pâture. "Terre de queste",les impôts étaient allégés moyennant l'entretien du marais. Au XIXème siècle les choses changent et sous l'impulsion de savants tels que le médecin botaniste de Dax, Thore, le marais est perçu comme malsain.
Il faudra tout de même attendre 30 ans pour que ce décret d'assèchement soit suivi d'effet. Les premiers résultats sont l’œuvre de Lefèvre-Béziers qui fait creuser 40 km de fossés, 70 km de rigoles, 22 km de digues de ceinture et l'élargissement du cours d'eau naturel, le Boudigau, qui se jette dans la mer entre Hossegor et Capbreton. Un travail colossal compte tenu du fait que tout a été fait à la pelle !
Nous marchons maintenant sur l'une de ces digues, le canal de ceinture à notre droite, le marais à notre gauche.
De loin en loin, des "observatoires" ...
nous permettent de jouir du paysage et de la présence d'animaux sans les déranger.
De nombreuses espèces de canards se reposent sur l'eau. Ceux qui ont des jumelles identifient le canard souchet...
avec son drôle de bec trop large. Et quel plaisir de scruter la surface du marais à la recherche de l'aigrette garzette ou peut-être même de la grande spatule. Il se pourrait bien qu'elle ne soit pas encore arrivée chez nous à moins que...
Après avoir arpenté la digue nous voici arrivé dans le secteur des pompes. Eh ! oui, aussi incroyable que cela puisse paraître, dès que l'homme a eu à sa disposition les moyens techniques pour le faire, il a pompé l'eau du marais pour l'assécher.. Les premières pompes étaient actionnée par une chute d'eau sur la commune de St André de Seignanx et dès que l'électricité a pu être employée, elles ont été remplacées par d'énormes pompes électriques. Les anciennes pompes contemporaines de Napoléon III sont visibles au pied d'un terre-plein alors qu'une grosse pompe "Franco tosi" est en place sous l'observatoire le plus élevé.
Pose casse-croûte...
Quelques uns d'entre nous grimpent en haut du mirador pour voir un paysage magnifique.
Au début de l'après midi, nous repartons vers le marais nord entièrement envahi par la jussie, cette plante invasive qui peut pousser de 2 cm par jour et que 4 ouvriers en cuissardes arrachaient à la main pour conserver le courant d'eau du canal de ceinture.
Au retour, un garde de la Réserve Naturelle nous explique que c'est la seule façon de l'éradiquer, encore que sur la partie "marais" elle ne soit pas combattue pour tendre à un nouvel équilibre naturel dans lequel la Jussie aura sa place mais pas plus.
Nous passons devant quelques maisons( souvent converties en gîte rural) qui ne sont autres que les métairies bâties sous Napoléon III par le Comte Walewski (enfant naturel de Napoléon Ier). En 1913, les frères Coyola mécanisent et modernisent l'exploitation et dans les années1950 ce domaine est un des fleurons de l'agriculture en Aquitaine. Les métayers d'Orx sont les premiers à utiliser des tracteurs après la guerre.
Mais en 1973-74, le coût de l'énergie augmente, c'est le début du déclin de l'agriculture intensive du maïs qui s'était développée dans le marais.
En 1984, c'est la fin de l'exploitation agricole du domaine d'Orx. Les pompes ralentissent, l'eau reconquiert le marais laissé à l'abandon.
En 1989, le Conservatoire du Littoral achète les 800 Ha du domaine et 6 ans plus tard il est intégré à la Réserve Naturelle du Marais d'Orx.
Encore quelques pas sur le "chemin du retour". Ca valait le coup : certains d'entre nous ont vu une superbe Cistude (tortue aquatique).
Elles sont rares à cette époque de l'année. L'eau déjà froide les incite à entrer en hibernation.
Et bien sûr, tout finit par un moment convivial autour de boissons chaudes qui accompagnent les délicieux cannelés de Monique ou le gâteau marbré de Véronique.
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Nous avons pris beaucoup de plaisir à effectuer cette rando-découverte et rigolé bien sûr !
Alors vous aussi...
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